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Expositions

SO ROMANTIC GRAVILLE

01
juil
2020
>
01
nov
2020
Abbaye de Graville

Au milieu des bois, dominant l'estuaire de la Seine, l'Abbaye romane de Graville a séduit les romantiques. Sculptures, peintures, estampes et textes inédits, en sont les représentations visibles dans l'exposition.

Né dans une période, où les bouleversements politiques déstabilisent les individus au point de les emmener vers une langueur mélancolique, le romantisme cherche dans les ruines d’un passé glorieux et « moyenâgeux » et dans une nature libre, une exaltation des passions.

Dans cette première moitié du XIXe siècle, l’Abbaye de Graville est vue comme une ruine par les chroniqueurs. Bon nombre de dessinateurs et graveurs, dont William Turner le premier, la prennent pour modèle avec sa nature « échevelée ».

Les œuvres illustrant ce mouvement, présentes dans l’exposition et parfois méconnues, constitueront le premier socle de l’exposition. Elle sera également, l’occasion d’aborder la relation entre le Havre et ses poètes ou d’apporter un peu plus de lumière sur l’importance des bourgeois de Graville dans la vie privée et l’œuvre de Victor Hugo. Des éléments nouveaux alimenteront la curiosité.

Déroulé

L'exposition So romantic, Graville, est l'occasion de mettre la lumière sur ce quartier qui fut une commune à part entière avant d'être rattachée au Havre, pour une partie en 1852 et pour une seconde en 1919. Elle permet de découvrir ou redécouvrir les personnalités remarquables qui l'ont habité dans la première moitié du XIXe siècle et redonner sa place à cette merveilleuse abbaye, que les romantiques avaient su apprécier au même titre que Jumieges ou Saint-Wandrille, tant la côtière boisée dominant la mer où se nichait ce chef-d'œuvre roman était émouvante de beauté.
«  Il y a peu de ruines de la vieille partie que nous n’ayons mesurées, dessinées, examinées avec un soin attentif. Il n’y en a presque point que nous puissions recommander avec plus d’intérêt que celle-ci à l’historien des arts du Moyen Âge. »   

Victor Hugo était leur meneur, derrière le Baron  Taylor ou Charles Nodier qui tenait salon à Paris, lequel, comme ses compatriotes anglais, a voulu décrire les lieux où la nature est l'écrin des plus fameuses constructions médiévales. Nous sommes dans les années 1820 et ce courant perdurera jusqu'en 1860.
Des gravures et dessins  de l'abbaye et de son environnement, parfois méconnus, constituent ainsi la première partie de l'exposition. 

Lettre manuscrite de Victor Hugo au négociant Régnault.

La seconde partie est consacrée à des familles comme les Eyries, négociants, édiles et savants ou les Lefèvre, négociants et spéculateurs fonciers  ayant agrandi la ville en créant le quartier Sainte-Marie. L’un d'entre eux, Nicolas Lefèvre, était le beau-frère de Léopoldine Hugo et un second était l'exécuteur testamentaire de Victor Hugo. Cette famille liée par mariage aux Vacquerie est entrée dans la pleine intimité des Hugo. 

Ou encore , la famille Régnault, dont un membre était témoin au mariage de Léopoldine et s'était occupé de ses funérailles. Uni au poète et dramaturge par une parfaite entente intellectuelle et politique, ils se vouaient, l’un à  l’autre une admiration réciproque. La rencontre avec William Régnault a été un facteur marquant et ô combien important dans la vie de Victor Hugo. 

Puis  viennent les voyages de Victor Hugo au Havre et son intérêt pour son port, ses bateaux et la douceur de vivre sur les versants sauvages et ensoleillés et la présence de son épouse et de ses enfants dans la ville.

Enfin, sont  remis à l’honneur quelques écrivains romantiques havrais et archéologue  renommé, Delavigne, Morlent, Lancelot et l'abbé Cochet. 

 

Le romantisme

Né en en Allemagne et en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle, le mouvement romantique, dont la désignation renvoie aux langues et à la littérature médiévale, s’étend à l’ensemble de l’Europe dans la première moitié du XIXe siècle.

En France, il s’incarne dans une génération née à l’orée du siècle et élevée sous l’Empire. Les artistes : poètes, musiciens, peintres, dessinateurs…  issus  de cette génération, revendiquent une expression personnelle des sentiments et des passions. Ils aspirent à une Création libérée des normes et de la Raison. La nature, miroir de l’âme et reflet de ses tourments, les incite à l’exploration et à la rêverie tout comme la contemplation des témoignages, archéologiques ou monumentaux, d’un passé national glorieux et révolu. 

Les « romantiques » trouvent difficilement leur place dans une société qui ne leur ressemble pas et leurs revendications affichent souvent, dès 1820, un caractère politique marqué. Religieux et monarchistes ou, plus rarement libéraux, ils rejettent le conservatisme et l’immobilisme de la monarchie restaurée. En juillet 1830, des aspirations communes - nationales, libérales et fraternelles - les conduisent à défendre collectivement les libertés démocratiques. En France, les Trois Glorieuses et la Révolution de Juillet consacrent, malgré l’échec à restaurer une république, la notion de « romantisme politique »

La Normandie romantique

Une identité régionale forte, une histoire séculaire, partagée par la France et l’Angleterre, et un patrimoine monumental demeuré très présent, caractérisent la Normandie. Equidistante de Londres et Paris et aisément accessible, elle est rapidement identifiée comme une région propice à l’exploration pittoresque. Une littérature spécifique, illustrée de lithographies contribue à sa promotion auprès des curieux, des érudits et des romantiques en quête d’idéaux nostalgiques. En 1820, Charles Nodier, Isidore Taylor et Alphonse de Cailleux, publient le premier volume des « Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France ». Consacré à la Normandie, il introduit une formule, déclinée par de nombreux auteurs, français et britanniques, jusqu’au milieu du XIXe siècle. Le succès de ces ouvrages, associé à la multiplication des sociétés savantes et à la naissance d’une archéologie monumentale, contribuent à faire de la Normandie un territoire privilégié pour l’émergence et la diffusion du mouvement romantique. 

Victor Hugo et Jean Valjean

Tombe présumée de "Jean Valjean" dans le cimetière romantique de Graville.

Dans une partie du cimetière romantique, au pied du cèdre du Liban étrangement couché sur le mur ouest de l’ancien cloître, se trouvent les sépultures de :

Étienne Xavier Regnault (1766-1847), parfois appelé Regnault de la Montoison, négociant drapier à Paris, résidant au Havre à la fin de sa vie et  père de William Regnault.

César, Joseph, Guillaume dit William Regnault (1804-1848), banquier et négociant-armateur,  directeur et associé de la maison Lefèvre. Auteur d’essais politiques, il est un des témoins au mariage de Léopoldine Hugo, ayant permis l’union fournissant un emploi honorable au futur époux Charles Vacquerie ; Victor Hugo lui est très attaché, leurs liens sont forts. William Regnault décède brutalement en 1848. Ce drame inexpliqué, dans une période de banqueroute et de contexte politique agité, donne naissance à plusieurs hypothèses, parfois appelées légendes quant au personnage de Jean Valjean dans  « Les Misérables ». 

Françoise Duroselle (1819-1839), première épouse de William Regnault, décédée à l’âge de 20 ans, mettant au monde son premier enfant. La famille Duroselle était une puissante famille de Graville impliquée dans l’éclairage au gaz de la ville.

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Affiche_exposition So romantic